Post-Covid-19: Réorganisation et adaptation de l’aérogare fret Roland Garros de La Réunion
Avec 98% de ses vols commerciaux suspendus en avril, l’aéroport Roland Garros de La Réunion, acteur majeur de l’économie réunionnaise, a dû se réorganiser et s’adapter afin de poursuivre l’acheminement de fret nécessaire à la population.
« La plate-forme logistique aéroportuaire a traité près de 1 400 tonnes de marchandises depuis le 27 mars, date à partir de laquelle la desserte aérienne de l’île a été réduite à trois rotations hebdomadaires d’avions de passagers entre la métropole et La Réunion», peut-on lire dans le dernier communiqué de presse de l’aéroport Roland Garros de La Réunion. La chute considérable du trafic passager implique une diminution du trafic de fret conséquente. «Nous avons relevé 60% de fret en moins. Ce chiffre est calculé en termes de tonnage. Les masques des produits légers mais volumineux, demandant de la manipulation. Nous avons reçu quatre millions de masques en trois semaines», tient à souligner Willy Etheve, directeur du développement de l’aérogare de fret de l’aéroport Roland Garros joint par Outremers360.
De cette période, Willy Etheve retient surtout «la réactivité et le professionnalisme des équipes qui ont su s’adapter, passant de 200 mouvements d’avions par semaine, departs et arrivées compris, à une vingtaine début avril». Depuis mi avril, 50 à 60 mouvements hebdomadaires ont été comptabilisés, essentiellement des cargos. «Avant, nous avions un seul vol cargo par semaine. Mais depuis mi-mars, nous avons eu 15 à 20 vols cargos par semaine», souligne le directeur du développement. Au total,« 950 tonnes ont été réceptionnées à l’import et plus de 400 tonnes de produits réunionnais et de poste ont été expédiées», indique le communiqué de la société aéroportuaire.
Se réorganiser devient alors pour le personnel fret de la société aéroportuaire, composé de 48 professionnels, le mot d’ordre. «Ça n’a pas été évident à mettre en place. Il fallait répondre présent à des vols arrivant à minuit ou 1h du matin. Cela a demandé une grosse organisation et une implication des équipes», indique Willy Etheve. Un bouleversement dans l’organisation qui n’a pas provoqué de hausse de tarifs. «Je tiens à le souligner car on a eu des avions qui volaient à vides. Cela représente une charge supplémentaire pour nous que nous n’avons pas souhaité répercuter».
Côté main d’oeuvre, après une activité correcte les quinze derniers jours de mars, le chômage partiel a été mis en place en avril. «C’était un mois très difficile à cause de la baisse du trafic», souligne Willy Etheve. «Après une baisse de 10 à 15% de notre actvité debut mai, nous sommes à un retour à la normale aujourd’hui».
Concernant les prévisions, Willy Etheve annonce une période intense durant les deux à trois prochains mois. «Pour l’instant, c’est calme. Mais dès lors que les vols commerciaux vont reprendre, la hausse d’activité va être conséquente». De nombreuses denrées ont été bloquées dans les aéroports. Seules les marchandises désignées comme prioritaires par les forces armées et la préfecture ont pu être acheminées. «Nous recevions surtout du matériel médical, sanitaire, le l’alimentaire, mais aussi des pièces indispensables au fonctionnement des industries ou EDF». Les autres denrées comme les pièces automobiles, les pièces d’industries dont l’activité était non prioritaire, mais aussi certains aliments comme les produits frais ou secs vont pourvoir être à nouveau acheminées.
Un renforcement des équipes est envisagée. «Comme durant la haute saison, de décembre à février, nous allons devoir faire appel à du personnel supplémentaires». En haute saison, une dizaine d’intérimaires et 3 à 4 personnes en CDD sont nécessaires.
Interrogé sur le nouvel outil informatique de manutention installé en 2019 au sein de l’aérogare de fret, Willy Etheve évoque «un gain de productivité avec 15 à 20% de temps de travail gagné», «un virage technologique» diminuant les manipulations et les risques d’erreurs. Easy fret, nom de ce logiciel informatique connectant par exemple les chariots élévateurs aux autres appareils, est surtout utilisé en import. «Dès juillet, le volet export sera lancé. Si la prise en main n’est pas facile, c’est un outil très utile pour nous, offrant une belle visibilité sur notre activité».
«Par ailleurs, cette crise nous a fait sentir que notre magasin avait besoin de modernisation. Une chose qu’on sentait depuis quelque temps. Les cinq chambres froides ne sont plus adaptées au volume», souligne Willy Etheve. Un plan d’investissement devrait ainsi voir le jour. Dans un second temps, la modernisation des quais roulants en 2021 sera analysée afin de «récupérer en termes de productivité et de confort de travail». Des investissements de plusieurs millions d’euros pour lesquels l’aéroport envisage de se tourner vers ses actionnaires.
Par Amélie Rigollet
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Auteur : Eline Ulysse