Covid-19: l’audiovisuel ultramarin souligne sa situation «dramatique»
Une situation «très difficile», «dramatique»: les acteurs de la filière audiovisuelle ultramarine ont évoqué lundi soir devant la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale l’impact de la crise sanitaire sur leurs médias, encore «plus violents» qu’en Hexagone.
Avec «un effondrement du chiffre d’affaire publicitaire de 80%», l’impact de la crise a été «plus violent qu’en métropole du fait de l’étroitesse de nos marchés», composés «à 90% de TPE (très petites entreprises: ndlr) et de commerces de proximité très fragiles», a expliqué Christophe Ducasse, de l’Association des télévisions des Outre-mer (ATOM), réunissant les chaînes privées des Antilles (ATV), de la Polynésie (Tahiti Nui TV) et de La Réunion (Antenne Réunion).
Ces chaînes qui représentent «plus de 500 salariés et 700 intermittents», ont été pourtant des «acteurs essentiels dans la prévention de la propagation du covid-19», a-t-il expliqué.
«La situation est dramatique», a renchéri Alexandra Elisé, directrice de la radio RCI (Guadeloupe, Martinique) et représentant le Syndicat des professionnels de l’audiovisuel des départements d’Outre-mer (SPADOM, 41 stations de radio). «Des gros groupes de notre syndicat ont pensé à des plans de fermeture», a-t-elle ajouté..
«Si nous avions fermé nos entreprises», la masse salariale aurait été prise en charge par l’Etat via le chômage partiel, mais «en faisant le choix de continuer nos missions d’information, de lien social (…), en participant activement à la lutte contre le coronavirus, on n’est plus aidé», a souligné Alexandra Elisé.
Pour ces radios, dont les recettes dépendent à 90% des recettes publicitaire, le chiffre d’affaire d’avril a baissé de 70% à 100%,« et la chute se poursuit car les entreprises n’ont » plus les moyens de communiquer » ou n’en ont plus besoin, car par exemple les magasins sont «pleins» en raison des mesures de distanciation obligatoires.
Mais il faut continuer à payer les droits de diffusion, aux »tarifs prohibitifs« en Outre-mer avec »un seul opérateur«, quand il en existe deux en métropole, a-t-elle souligné.
Il y aura «inévitablement des licenciements et des dépôts de bilan», confirme Robert Moy, représentant la Fédération des télévisions locales privées des Outre-mer (FTLPOM, 50 équivalent temps pleins).
Parmi les solutions évoquées, certains réclament la remise en place pour l’audiovisuel privé ultramarin de la Lodéom renforcée (une éxonération bénéficiant aux employeurs situés en Outre-mer, supprimée en 2019), la prise en charge par l’Etat des salaires «comme si nous avions été fermés», des mesures de crédit d’impôt pour inciter les entreprises à faire appel à la publicité, ou encore la prise en charge par l’Etat des droits de diffusion.
Moins touché en raison de ses subventions publiques, le pôle Outre-mer de France télévision a également connu «une perte de revenus publicitaires lié à l’annulation de certaines émissions phares ou de grands événements sportifs et cuturels», a indiqué Sylvie Gengoul, sa directrice.
Avec AFP
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Auteur : Eline Ulysse