Face au coronavirus, les SMA des Outre-mer mobilisés pour leurs territoires
Intégré aux Forces armées de la Zone Sud de l’océan Indien (FAZSOI), le RSMA de La Réunion a participé à la mise en place de tente d’accueil pour le CHU de Saint Pierre ©DR – FAZSOI – mars 2020
Alors que le coronavirus sévit dans l’Hexagone comme les Outre-mer, les forces armées sont sollicitées pour apporter un soutien logistique et humain aux populations. Dans les Outre-mer, les Services militaires Adaptés ont très vite apporté une réponse aux besoins de leurs territoires respectifs. Contacté par la rédaction, le Général Thierry Laval nous raconte comment les SMA des Outre-mer se sont mobilisés pour apporter leur soutien aux Ultramarins.
Outremers360 : Mon général, le SMA est présent sur la majorité des Outre-mer ? Comment avez-vous fait face à l’arrivée du Coronavirus ?
Général Thierry Laval : Effectivement, comme vous le soulignez le SMA est présent sur sept territoires d’Outre-mer où le virus est arrivé selon des rythmes différents. Avant même l’identification des premiers cas, en accord avec la ministre des Outre-mer, j’ai été amené à prendre des décisions fortes pour protéger les volontaires et leurs cadres mais aussi leurs familles et leurs proches. Il s’agissait en effet de réduire drastiquement les possibilités de propagation du virus tout en constituant un réservoir de forces non contaminées capable d’intervenir au profit des populations, dans la durée.
Ainsi, dès le 19 mars, les régiments du SMA ont suspendu leur mission principale de formation pour configurer leurs capacités opérationnelles au service des populations et des services. Nos jeunes stagiaires en cours de formation ont donc rejoint leur domicile tandis que nos volontaires techniciens, avec les cadres, se mobilisaient pour mettre sur pied le fonctionnement opérationnel sur des territoires progressivement passés en confinement.
#OutreMer #Guadeloupe #Coronavirus #LeSMAestPrêt @rsma_guadeloupe apporte son aide pour augmenter les capacités d’accueil et prise en compte du #CHU Pointe-à_Pitre avec @ars_guadeloupe @Prefet971 @EtatMajorFR #TousEnsemble https://t.co/Abw14BxOu5 pic.twitter.com/dRAFwnZNxb
— Le SMA (@SMA_Outremer) April 3, 2020
Si le SMA constitue un dispositif du ministère des Outre-mer dédié à l’insertion, sa nature est également militaire. C’est pourquoi la ministre des Outre-mer a décidé, le temps de cette crise, de mettre leurs capacités opérationnelles sous l’autorité du commandant militaire de chaque zone afin d’en optimiser l’emploi et le soutien. Les procédures sont rôdées. Identiques à celles mises en œuvre localement lors de catastrophes naturelles, elles ont cette fois été appliquées simultanément à tous les régiments puisque la propagation du virus est planétaire.
Pouvez-vous nous dire comment vos régiments peuvent aider les territoires Outre-mer ?
Comme l’a dit la ministre des Outre-mer, l’important c’est de laisser une liberté d’action et d’adaptation aux préfets sur les territoires. La contribution du SMA s’inscrit dans cette logique de fine connaissance des enjeux et des situations particulières. Les liens anciens tissés, années après années, avec les autorités civiles et les populations de chaque territoire renforcent l’efficacité de notre engagement à leur service.
A l’instar des régiments basés en métropole dont vous avez vu l’engagement au cœur de l’opération Résilience, nos unités d’outre-mer sont en mesure d’apporter un soutien aux services publics et une aide à la population en cohérence avec nos moyens respectifs. Il peut s’agir d’appui logistique en termes de transport ou de stockage sur des emprises sécurisées, de relais d’information compris vers les zones isolées ou reculées, etc. Par exemple, la formation de nos volontaires stagiaires, avec qui nous sommes en contact régulier, permet aujourd’hui de relayer auprès de leurs familles et de leurs proches les bonnes pratiques telles que les #GestesBarrières et le respect du #confinement. La résilience des territoires s’en trouve significativement renforcée.
Le 25 mars dernier, le Régiment du SMA de La Réunion a notamment participé à la mise en place de point de filtrage pour faciliter l’accès au Centre hospitalier universitaire de Saint-Pierre, pouvez-vous nous donner d’autres exemples de participation du SMA ?
Les régiments répondent à diverses demandes de concours exprimées par les préfets aux commandants supérieurs de zone. La préfecture centralise les besoins, coordonne les nombreux intervenants et rationalise l’emploi des ressources, forcément rares au regard de l’ampleur de la crise. Le commandement militaire répond aux demandes de concours avec le riche éventail capacitaire dont il dispose et auquel les régiments du SMA contribuent.
#Outremer #Polynésie #Opération #Résilience #LeSMAestprêt @TahitinuiTV « Une plateforme téléphonique est ouverte. Elle est composée d’une douzaine de personnes au Haut-commissariat et du #RSMAPf » https://t.co/Dx8YdZXxiJ pic.twitter.com/B6i6Xkz46i
— Le SMA (@SMA_Outremer) March 30, 2020
A titre d’exemple, en Guadeloupe, le régiment stocke des masques de protection qui sont distribués ensuite selon les priorités et besoins définis par l’Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture. Un détachement du SMA a aussi prêté main forte au CHU pour lui permettre d’augmenter ses capacités d’accueil de malades.
En Martinique, le régiment s’apprête aussi à stocker des masques et du gel hydro alcoolique.
À La Réunion, vous l’avez évoqué, il y a eu ce soutien technique au CHU de Saint-Pierre. Nous avons également participé à l’acheminement sécurisé de passagers de vols extérieurs vers une zone de quatorzaine.
A Mayotte, compte tenu des capacités d’accueil du département, nous hébergeons en quatorzaine depuis le 28 mars 79 binationaux en provenance de Madagascar. Après quelques jours et plusieurs communiqués sur les réseaux sociaux ou dans la presse stigmatisant les conditions d’accueil, j’observe que la situation est désormais bien comprise de tous. Nos locaux ne sont pas des hôtels. Nous y vivons cependant tout au long de l’année et le régiment apporte le meilleur soutien possible, en étroite liaison avec l’ARS et les autres services locaux.
En Polynésie française, des militaires du SMA renforcent la plateforme téléphonique mise en place par le Haut-Commissariat. Cette cellule contacte toutes les personnes en auto-confinement et contrôle leur compréhension et respect des mesures de protection tout en prenant des nouvelles de leur état de santé. A Tubuaï et à Hiva Oa, où aucune contagion n’est encore déclarée, nous œuvrons avec les maires.
De nombreuses autres missions sont aussi à l’étude pour anticiper l’évolution de la propagation du virus et des moyens disponibles pour y faire face.
Ces 15 derniers jours ont donc été particulièrement intenses, comment envisagez-vous la suite ?
Effectivement très intense, la quinzaine passée a aussi montré la bonne coordination entre services. Je souligne notamment les rôles respectifs des forces de sécurité et des armées. Les mesures de sauvegarde immédiatement prises ont permis de pouvoir disposer de notre plein potentiel opérationnel, d’en préserver l’intégrité afin que les armées puissent l’engager à l’aune des besoins identifiés par les préfets. J’y vois un révélateur du travail de fond, très professionnel et en symbiose avec leurs partenaires civils privés et publics, mené par les régiments depuis de nombreuses années.
Cette situation nous montre combien les régiments du SMA sont ceux des territoires au service d’une politique d’insertion dédiée. La force de notre dispositif réside dans sa dualité qui lui permet une reconfiguration immédiate en capacités opérationnelles précieuses. Les nombreux commentaires postés sur les réseaux sociaux en attestent tout particulièrement depuis le début de la crise.
Tandis que nos régiments s’engagent, nous pensons le retour à la normale et la reprise généralisée des formations. Généralisée parce qu’en effet, à chaque fois que cela a été possible, nous poursuivons les formations à distance via les plateformes internet. Une autre manière de réaliser notre mission de formation. La discipline dont font preuve les jeunes stagiaires est, là encore, source de grande fierté.
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Auteur : J.-T